Grasse matinée. Méritée après notre tumultueux réveillon de la St Sylvestre. Faut dire que Eveline s’était éclatée aux fourneaux : pas d’entrées, avait-elle déclaré, trop riche ! mais en plat principal pommes de terre à l’eau accompagnant un sauret, enfin , un demi sauret puisque je l’ai partagé avec mon aimée, on n’était que deux, qui dans un élan de générosité m’avait gratifié d’une moitié de son kipper, des assiettes débordantes d’amour, le tout accompagné d’un petit vin rouge en provenance directe du cubi de ma cave : le bonheur !! Puis, une lueur égrillarde éclairant son regard elle me propose un dessert, tu ne crois pas que ça va faire trop ? et elle dépose sous mes yeux ahuris une pomme, mais alors une grosse, grosse pomme que nous nous sommes partagée car faut quand même pas exagérer avec les bonnes choses. Il était temps de s’allonger dans nos fauteuils pour profiter à fond des merveilleux programmes que nous proposaient les multiples chaînes de la télé ce qui nous amena jusqu’à l’heure avancée de 22h30. Quoi ! déjà cette heure-là !! s’écria soudain mon amour se réveillant d’un troisième petit endormissement. Vous comprenez aisément la raison de mon réveil tardif à 6h45 ce matin. Mon premier mot fut : « M..... » non pas « Meilleurs vœux » car si vous étiez attentifs vous auriez remarqué que cette expression comporte deux mots et pas un seul, mais « Merde » car j’étais en retard pour le cours d’informatique que je prodigue gracieusement à mon adorée chaque matin de 6 à 7h. Nous nous y sommes mis vite, débordant un peu sur l’horaire, mais ce n’est pas tous les jours le premier de l’an, heureusement d’ailleurs car on vieillirait vite, comprenne qui pourra. Je lui expliquai la magie du « copier-coller » un peu confus dans tes explications m’a glissé l’ingrate, j’en profitai pour corriger les yeux rouges des photos que j’avais prises à Noël chez Fred, ah ! si je pouvais aussi corriger mes joues rouges, et je partis à la toilette, vite faite puisque je ne souffre pas de problèmes de grandes surfaces, non je ne parle pas d’Auchan ou Carrefour, mais de ceux qui ont une grande surface à laver, les gros quoi ! ou les grands bref de ceux qui ont plus de peau( ou pot ?) que moi, petit déjeuner dans le foulée et me voilà tout fringant sur mon vélo. A peine sorti, je ressentis un zéphyr, que dis-je un zéphyr ? un aquilon bref un blizzard de 50km/h orienté plein Nord qui me suffoqua. Fallait-il renoncer ? que nenni, n’écoutant que mon courage et Eveline qui me souhaitait bonne route , je pris la route. Je fus vite, enfin aussi vite que je pus, à Acheville, aussi désert qu’aux plus beaux jours de l’alerte à l’explosion des munitions de 14-18 puis la Gueule d’Ours que je négociai sans même me préoccuper des éventuelles voitures venant de ma droite car de voitures il n’y en avait pas. J’avis l’impression d’être seul au monde. Et si c’était vrai ? Que ferai-je dans ce cas ? Je prendrai résidence dans la zone commerciale de Noyelles-Godault. Je me voyais déjà arpentant les allées d’Auchan(encore ?) grignotant un vol-au-vent par-ci, une tartelette par-là arrosés d’une bonne bouteille de derrière les rayons, après-midi sieste installé devant plusieurs écrans plasma pour ne rien rater des émissions de l’après-midi puis sur le soir allant choisir à Décathlon le vélo qui aura l’honneur de m’accompagner le lendemain sur les routes de la région à moins que je ne préfère une sortie en voiture si le temps est maussade, les autos ne manquent pas sur le parking et la station essence n’est pas loin. Mais tout seul c’est tout seul, souviens-toi de Robinson qui n’avait qu’une hâte c’était de se trouver une compagnie. Seul ? sans ma compagne ? sans les copains ? « Que sont mes amis devenus, que j’avais de si près tenus » référence à Rutebeuf. Un bruit me fait sortir de ce mauvais rêve, ma première voiture, une demi-heure depuis mon départ, elle est la bienvenue l’annonciatrice de jours meilleurs, de jours où je roulerai entouré de copains, riant à la plaisanterie de l’un, encourageant l’autre dans la difficulté. Où sont-ils d’ailleurs en ce moment ? Je m’imagine Marc allongé dans les bras d’Annie bouche grande ouverte, elle est toujours ouverte vous avez remarqué ? rêvant à la bonne bouteille de whisky qu’il ouvrira ce midi et Sylvain ? vomissant dans la cuvette des... ah ! non ça c’est une image de la semaine dernière quand il souffrait d’intoxication alimentaire et Pierre réparant de bon matin les crevaisons de mercredi et Jean-Claude s’imaginant qu’il bat Eveline à la belote et Jacques plantant ses premières échalotes dans la neige parce que leurs verts accompagneront ses laitues de printemps et ... et ... et ... vous mes copains « mes vieux copains » référence à Léo Ferré. Oui, j’ai roulé en 2010 et je n’étais pas seul.

Et bonne année à tous